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Le Brésil envoûtant et méconnu du Nordeste 

 

Texte: François Perruche/Photos Eric Pasquier 
 

Des dunes, des falaises, des plages à l'infini… et un grand jardin tropical pour arrière-pays. Le Ceara a beau n'être qu'un petit morceau du Nordeste brésilien, il comble tous les rêves des voyageurs épris d'espaces et de nature vierge.  
 

 

Ce n'est pas le Sahara, mais presque! D'ailleurs, vu de la mer, ce magnifique océan de dunes littorales stupéfia tellement les premiers conquistadores qu'ils le baptisèrent Ceara (Sahara en portugais). Comme si, dans son lent divorce tectonique d'avec l'Afrique, l'Amérique avait emporté avec elle un morceau du grand désert. Étendu à l'arrière-pays, ce nom est aujourd'hui celui d'un des états de la région du Nordeste, cette partie du Brésil confortablement vautrée sur l'épaule du continent sud-américain, à deux pas de l'équateur et à l'encablure la plus proche de l'Europe.
Un Brésil de proximité, en somme, que l'on ignore généralement en le survolant de nuit pour rejoindre Rio. Sans contester les charmes de la cidade maravilhosa, rendons cependant au Ceara ce qui lui appartient et qui en fait une destination onirique, presque méconnue pour l'heure. A savoir, une nature éblouissante délimitée par près de 600 kilomètres d'un littoral extravagant de dunes, de falaises rouge-ocre et d'immenses plages frangées de cocotiers, où glissent sur la crête des vagues les jangadas des pêcheurs nordestins, tandis que vers l'intérieur s'étendent les terres sèches du sertao, écrin du mysticisme mulâtre cher à Jorge Amado, que dominent d'humides serras touffues, classées en éco-parcs comme ceux de Baturité et Guaramiranga. 

Cet immense parc naturel est accessible au départ de Fortaleza, sa très moderne capitale, aujourd'hui directement reliée à Lisbonne grâce aux six vols hebdomadaires de la TAP Air Portugal. Sa visite achevée, s'offrent plusieurs possibilités, comme la découverte en buggy du littoral, formule que proposent quelques spécialistes à de petits groupes de 10 à 25 personnes. Vers l'ouest, le long de la Costa Sol Poente, en passant par les dunes et lagunes de Cumbuco jusqu'à la très branchée station balnéaire de Jericoacoara, ou vers sa réplique à l'est, la Costa Sol Nascente, via Canoa Quebrada, l'autre station balnéaire à la mode, et les grandioses falaises de Morro Branco.
Nul besoin d'être sportif, mais mieux vaut cependant en avoir un peu l'esprit, pour goûter à plein cette escapade entre mer et sable, fouettée par les embruns océaniques et les alizés tropicaux. Au programme: conduite sur plages, dunes, pistes de latérite et petits chemins de campagne, entre deux baignades dans une mer à 27° en permanence, des repas de langoustes et de poissons grillés, avant de sombrer dans les hamacs pour la sieste. Les étapes du soir conduisent vers de charmantes pousadas (auberges) disposant de tout le confort, où l'accueil est aussi chaleureux que celui des villageois et pêcheurs nordestins qui n'hésitent pas à prêter main forte en cas d'enlisement (cela arrive!) ou à vous convier aux petites fêtes qu'ils organisent spontanément sur la plage. Bière et cachaça (l'alcool de canne) y sont de rigueur, tandis que les jeunes s'exercent à la capoera sur le sable, avant que ne déferle le rythme saturé du "forro", la plus torride danse du Brésil. 

Plus paisiblement, les adeptes de l'écotourisme trouveront leur bonheur lors de trekkings ou de randonnées à pied ou en VTT dans les splendides parcs naturels de l'intérieur mentionnés plus haut. Sous les frondaisons des grands arbres caquète une faune à plume chamarrée, à laquelle répond le fracas des chutes d'eau et des torrents dévalant les escarpements végétaux de la serra. Somptueux châteaux d'eau dominant les immensités sèches et épineuses du sertao, ponctuées du vert des fazendas de noix de cajou. C'est là, le long des pistes de latérite et dans l'indolence des villages et marchés indigènes brûlés par un soleil de plomb que perdure le passé colonial du Ceara, quand, contraste saisissant, se dessine son futur dans la skyline ultra-moderne du front de mer de Fortaleza.

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